Dunes de Bréville

- Jacques Piette

Complainte du vent mouillé
Le sel et les embruns collent à sa peau
Puis se répandent dans l’air comme une grande fraîcheur.
Le chemin est long, long mais nécessaire.
La nuit est noire, d’un noir profond.
Le vent épand malgré lui ses saveurs coupantes
Sur ses lèvres humides.
Ses mains tremblent, ses yeux coulent
Mais sa plaie béante se referme.
Et, dans le détour des oyats ondoyant
A travers les dunes des sables roses
Tout à coup
Une minuscule lueur qui sonne, sonne
Comme un espoir.

Comme une traîne
Sur une traine de mariée
Dans l’écume des vagues esseulées
Il pleure et gémit.
Son corps meurtri sursaute et tremble,
Emmenant avec lui les choses du passé.
D’un passé qui s’écoule et le soulage.
Le flux et le reflux de l’océan
Viennent apaiser son âme.

Ancrées
Elles sont là, débordantes de lumière
Affrontant la tempête, le vent et le sel.
Elles attendent paisibles comme ancrées et soudées
dans un grand calme furieux.
Mais rien ne les affecte.
Le vent court et se meurt sur leurs ossatures Blanchies.
Il creuse leurs veines d’un bleu profond sans oser les blesser.
L’écume et les flots caressent leur fragilité.
Mais rien ne les affecte.

Traversée
La tangue humide est lourde et colle sous les pas
Comme la glaise.
Un crissement sourd et long accompagne la marche.
La dune travaille, s’effrite et rejaillit.
Elle conserve en son sein des traces de vies secrètes.
Les nuages embaument le ciel et se glissent
Dans les draps de la mer
Recherchant la chaleur d’une paix retrouvée.

Marée haute
La mer est là à marée haute
Recouvrant l’estran d’un linceul bleuté.
Une musique lancinante vient apaiser l’âme de l’enfant blessé,
Celui qui a désobéi.
Secoué par la tristesse, il résiste et avance, tête haute.
Le chant des vagues et des sirènes accompagne sa marche,
Lui montrant le chemin.
Le chemin de sa vie.

La baie
L’immensité s’impose dans un gris de tangue bleutée.
Les coquilles acérées provoquent aux pieds des entailles sourdes
Que les nuages obscurs viennent adoucir.
L’orage gronde et ses éclairs de feu apaisent
Son cœur dans leur fureur.
Son Amour est là et lui serre la main.
L’odeur de sa peau, sa douceur, sa tendresse
L’entourent et le protège.